La méthode du changement de variable est très appréciée par le physicien. Elle s'utilise lorsque la détermination de la primitive, ou l'évaluation de l'intégrale, n'est pas facile. L'idée est d'effectuer une substitution au sein de l'intégrale, et donc de changer la variable initiale (souvent x) en une autre, dans l'unique but de retrouver une forme "plus familière". On cherche à déterminer l'intégrale suivante : I=∫abf(x)dxavec:[a;b]⊆Df On introduit alors une fonction numérique φ suivante : φ:⎩⎨⎧Dφt⟼⟶Fφ(t) On suppose que cette fonction numérique φ est dérivable au moins une fois sur un intervalle J⊆Dφ, et que sa dérivée φ′ soit continue sur ce même intervalle J. Voici maintenant la condition essentielle à l'existence (donc à la faisabilité) du changement de variable x=φ(t). La fonction numérique φ doit permettre une correspondance unique, donc sans ambiguïté, entre les éléments x∈[a;b]⊆Df et les éléments t∈J⊆Dφ. On dit que la fonction φ réalise une bijection entre [a;b] et J. On sait que x=φ(t), et de fait, il est possible d'exprimer le lien réciproque par une relation du type t=ϕ(x). Le fait que la fonction φ réalise une bijection entre [a;b] et J permet d'écrire ce lien réciproque (on dit aussi biunivoque) unique entre les éléments x et t de la manière suivante : ⎩⎨⎧xt==φ(t)ϕ(x)=Rφ(x) Dans cette écriture la fonction ϕ=Rφ est la fonction réciproque de la fonction φ. Cette fonction réciproque Rφ annule "l'action" de φ. Et on a donc la propriété suivante : ⎩⎨⎧φ∘RφRφ∘φ==IdId⟺⎩⎨⎧φ(Rφ(x))Rφ(φ(t))==xt C'est exactement ce qui se passe, entre R et R, avec les fonctions ln et exp, ou encore entre R+ et R+, avec les fonctions carrée et racine carrée. On peut donc écrire que : x=φ(t)⟹dtdx=dtdφ(t)⟺dtdx=φ′(t)⟺dx=φ′(t)dt Et donc, on a aussi : t=Rφ(x) Ce qui implique, pour les bornes d'intégration, les deux changement suivants : ⎩⎨⎧xx==ba⟹⎩⎨⎧tt==Rφ(b)Rφ(a) Dès lors, on obtient la relation suivante : ▶ Technique de calcul d'une intégrale : l'intégration par changement de variable Soit une fonction numérique f ne dépendant que de la variable x, qui est bornée et continue sur l'intervalle [a;b]⊆Df. Si on pose le changement de variable x=φ(t), où la fonction numérique φ : ∙ est dérivable au moins une fois sur un intervalle J⊆Dφ ; ∙ sa dérivée φ′ est continue sur ce même intervalle J ;} ∙ et enfin qu'elle réalise une bijection entre les intervalles [a;b] et J. Alors on a la formule suivante : ∫abf(x)dx=∫Rφ(a)Rφ(b)f(φ(t))φ′(t)dt Il s'agit d'une méthode de substitution, particulièrement efficace.
Question 1
A l'aide d'un changement de variable, calculer les intégrales suivantes :
I1=∫011−x2dx en posant x=sin(t)
Correction
On cherche à calculer l'intégrale I1 suivante : I1=∫011−x2dx On pose alors : x=sin(t)⟹t=arcsin(x) En ce qui concerne les bornes d'intégration, on a alors : ⎩⎨⎧xx==10⟹⎩⎨⎧tt==arcsin(1)arcsin(0)==2π0 Puis, la fonction sinus est une bijection de [0;2π] sur [0;1]. De plus, sur l'intervalle [0;2π], cette fonction est dérivable, et sa dérivée, la fonction cosinus, y est continue. On a alors : x=sin(t)⟹dtdx=dtd(sin(t))⟺dtdx=cos(t)⟺dx=cos(t)dt Et de fait, on peut écrire que : I1=∫011−x2dx=∫02π1−sin2(t)cos(t)dt Soit : I1=∫02πcos2(t)cos(t)dt=∫02π∣cos(t)∣cos(t)dt Mais comme t∈[0;2π] cela implique que cos(t)⩾0 et donc que ∣cos(t)∣=cos(t). Ainsi, on trouve que : I1=∫02πcos(t)×cos(t)dt=∫02πcos2(t)dt=∫02π21+cos(2t)dt Par intégration on trouve que : I1=[2x+41sin(2x)]02π Ce qui nous donne donc : I1=22π+41sin(2×2π)−20−41sin(2×0)=4π+41sin(π)−0−41sin(0) Comme sin(π)=sin(0)=0, en déduit finalement que : I1=∫011−x2dx=4πu.a. Géométriquement ce résultat était évident. En effet, l'équation 1−x2 représente le quart supérieur droit du cercle trigonométrique, donc de rayon unitaire. Ce cercle a pour surface π×12=π, et de fait l'intégrale I1=∫011−x2dx vaut le quart, à savoir 4π.
Question 2
I2=∫01exdx en posant x=t2
Correction
On cherche à déterminer l'intégrale I2 suivante : I2=∫01exdx On pose alors : x=t2⟹t=x En effet, comme x∈[0;1] cela signifie que x⩾0. En ce qui concerne les bornes d'intégration, on a alors : ⎩⎨⎧xx==10⟹⎩⎨⎧tt==10==10 Puis, la fonction carrée est une bijection de R+ sur R+. De plus, sur l'intervalle R+, cette fonction est dérivable, et sa dérivée qui vaut 2t, y est continue. On a alors : x=t2⟹dtdx=dtd(t2)⟺dtdx=2t⟺dx=2tdt De fait, on peut écrire que : I2=∫01et2tdt⟺I2=2∫01tetdt Or, l'intégrale ∫01tetdt a déjà été déterminée. En effet, il s'agit de l'intégrale I4 de la section relative à l'intégration par parties. On sait donc que ∫01tetdt=1. On en déduit alors que : I2=∫01exdx=2u.a.
Question 3
I3=∫12ex−11dx en posant t=ex−1
Correction
On cherche à calculer l'intégrale I3 suivante : I3=∫12ex−11dx On pose alors : t=ex−1⟹t2=ex−1⟹x=ln(t2+1) En effet, ∀t∈R, on a t2+1>0. On a alors : ⎩⎨⎧xx==21⟹⎩⎨⎧tt==e2−1e1−1=e−1 Puis, la fonction La fonction φ:t⟶ln(t2+1) est une bijection de R+ sur R+. De plus, sur l'intervalle R+, cette fonction est dérivable, et sa dérivée qui vaut φ′(t)=t2+12t, y est continue. On a alors : x=ln(t2+1)⟹dtdx=dtd(ln(t2+1))⟺dtdx=t2+12t⟺dx=t2+12tdt De fait, on peut écrire que : I3=∫12ex−11dx=∫e−1e2−1t1×t2+12tdt=∫e−1e2−1t2+12dt=2∫e−1e2−1t2+11dt L'intégration est alors directe, et on a : I3=2×[arctan(t)]e−1e2−1 Finalement, on obtient : I3=∫12ex−11dx=2×(arctan(e2−1)−arctan(e−1))u.a.