En combinatoire, la formule du crible d'HenriPoincareˊ ou formule de Poincaré, appelée aussi formule du crible est une relation entre le cardinal d'une réunion d'un nombre fini d'ensembles et les cardinaux de leurs intersections. Cette formule est aussi connue sous le nom de principe d'inclusion-exclusion.
Question 1
Soit n un nombre entiers naturel non nul. On considère la famille (Ai)1⩽i⩽n d'ensembles finis.
Montrer la formule du crible suivante : card(i=1⋃nAi)=k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))
Correction
Nous allons réaliser une démonstration par récurrence. Soit n un nombre entiers naturel non nul. Notons par P(n) la propriété suivante : P(n):card(i=1⋃nAi)=k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip)) ∙Etape1:Initialisation On pose n=1. Dans ce cas, on a : card(i=1⋃nAi)=card(i=1⋃1Ai)=card(A1) De plus : k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))=k=1∑1((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽1∑card(p=1⋂kAip)) Donc on en déduit que : k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))=(−1)1+11∑card(p=1⋂1Aip)=(−1)2×card(A1)=card(A1) Ainsi, on constate que P(n=1) est vraie, donc la propriété P(n) est bien initialisée. ∙∙Etape2:Transmission Soit n∈N⋆. On suppose que la propriété P(n) est effectivement vraie. Démontrons que, sous cette vérité de P(n), on a également P(n+1) qui est également vraie. On considère la famille (Ai)1⩽i⩽n+1 d'ensembles finis. et on note par B l'ensemble union suivant : B=i=1⋃nAi. Donc on a : card(i=1⋃n+1Ai)=card(B∪An+1)=card(B)+card(An+1)−card(B∩An+1) Ce qui s'écrit également comme : card(i=1⋃n+1Ai)=card((i=1⋃nAi)∪An+1)=card(i=1⋃nAi)+card(An+1)−card((i=1⋃nAi)∩An+1) Donc, par clarté d'écriture, on a (en tenant compte du fait que l'intersection est commutative) : card(i=1⋃n+1Ai)=card(i=1⋃nAi)+card(An+1)−card(An+1∩(i=1⋃nAi)) La propriété P(n) étant supposée vraie, on a donc : card(i=1⋃n+1Ai)=k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))+card(An+1)−card(An+1∩(i=1⋃nAi)) Puis, en tenant compte de la distributivité de l'union et de l'intersection, on a : An+1∩(i=1⋃nAi)=i=1⋃n(An+1∩Ai) Ce qui nous permet d'écrire que : card(i=1⋃n+1Ai)=k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))+card(An+1)−card(i=1⋃n(An+1∩Ai)) L'expression du dernier terme card(i=1⋃n(An+1∩Ai)) peut être exprimée différemment grace à la propriété P(n) qui, nous le rappelons, est supposée vraie. En effet, il suffit d'effectuer (dans P(n)) la substitution Ai↭(An+1∩Ai). Dans ce cas, on a : card(i=1⋃n(An+1∩Ai))=k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂k(An+1∩Aip))) Ce qui s'écrit également comme : card(i=1⋃n(An+1∩Ai))=k=1∑n⎝⎛(−1)k+11⩽i1<⋯<ik+1=n+1∑card(p=1⋂k+1Aip)⎠⎞ Posons K=k+1. Dans ce cas le terme K va de 2 à n+1. Et on obtient : card(i=1⋃n(An+1∩Ai))=K=2∑n+1((−1)K1⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Ceci nous permet donc d'écrire que : card(i=1⋃n+1Ai)=+−k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))card(An+1)K=2∑n+1((−1)K1⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Soit encore : card(i=1⋃n+1Ai)=++k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))card(An+1)K=2∑n+1(−(−1)K1⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Ou de même : card(i=1⋃n+1Ai)=++k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))card(An+1)K=2∑n+1((−1)K+11⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Dans la dernière somme précédente, celle portant sur K qui va de 2 à n+1, examinons ce que nous donnerait le terme qui corresponderait à K=1. Nous avons donc : (−1)1+1i1=n+1∑card(p=1⋂1Aip)=(−1)2i1=n+1∑card(Ai1)=1×card(An+1)=card(An+1) Ce qui nous permet d'écrire que : card(An+1)+K=2∑n+1((−1)K+11⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip))=K=1∑n+1((−1)K+11⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Ainsi, on peut donc écrire que : card(i=1⋃n+1Ai)=+k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip))K=1∑n+1((−1)K+11⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Comme n est un nombre entier naturel, la condition ik⩽n, présente dans la première somme, est identique à ik<n+1. De fait, on a : card(i=1⋃n+1Ai)=+k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik<n+1∑card(p=1⋂kAip))K=1∑n+1((−1)K+11⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) Toujours dans la première somme, le fait d'arrêter la sommation à n et qu'il est impossible d'accéder au terme qui serait indicé par n+1, nous permet d'écrire que : card(i=1⋃n+1Ai)=+k=1∑n+1((−1)k+11⩽i1<⋯<ik<n+1∑card(p=1⋂kAip))K=1∑n+1((−1)K+11⩽i1<⋯<iK=n+1∑card(p=1⋂KAip)) On constate que les deux sommes précédentes sont les deux cas de la disjonction logique entre ik<n+1 (la première somme) et iK=n+1 (la seconde somme). On peut donc les réunir sous la condition unique ik⩽n+1. Ainsi, on obtient : card(i=1⋃n+1Ai)=k=1∑n+1((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n+1∑card(p=1⋂kAip)) Donc, sous l'hypothèse que la propriété P(n) soit vraie, on constate que a propriété P(n+1) est également vraie. On a donc démontrer que P(n)⟹P(n+1). Ainsi la propriété étudiée est bien transmissible. ∙∙∙Etape3:Conclusion En vertu des axiomes de la récurrence, la propriété P(n):card(i=1⋃nAi)=k=1∑n((−1)k+11⩽i1<⋯<ik⩽n∑card(p=1⋂kAip)) est vrair pour tout nombre entier naturel non nul n.