Un résultat très important ! En mathématiques, unlemme est un résultat sur lequel s'appuie la démonstration d'un théorème plus important. Henri-Léon Lebesgue (1875-1941) est l'un des grands mathématiciens français de la première moitié du 20-ième siècle. Il est reconnu pour sa théorie d'intégration publiée initialement dans sa dissertation Intégrale, longueur, aire à l'université de Nancy en 1902. Il a révolutionné et généralisé le calcul intégral. Sa théorie de l'intégration (1902-1904) est extrêmement commode d'emploi, et répond aux besoins des physiciens. En effet, elle permet de rechercher et de prouver l'existence de primitives pour des fonctions « irrégulières » et recouvre différentes théories antérieures.
Question 1
Soit a et b deux nombres réels tels que a<b. On considère une fonction numérique réelle f:[a;b]⟶R qui est continue par morceaux.
Dans cette question, on suppose que f=1. Démontrer que n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0.
Correction
On a : ∫abf(x)cos(nx)dx=∫ab1cos(nx)dx=∫abcos(nx)dx=[nsin(nx)]ab=nsin(nb)−nsin(na) Soit : ∫abf(x)cos(nx)dx=n1(sin(nb)−sin(na)) Le terme sin(nb)−sin(na) est majoré par 2 et minoré par −2. Donc, on a l'encadrement suivant : −n2⩽∫abf(x)cos(nx)dx⩽n2 Mais on a : n⟶+∞lim(−n2)=n⟶+∞lim(n2)=0 En vertu du théorème de l'encadrement, on en déduit que, si f=1 alors on a : n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0
Question 2
Dans cette question, on suppose que f est en escalier. Soit p un nombre entiers naturel non nul. On pose ∀x∈]ai;ai+1[,f(x)=ki∈R, ceci avec l'indice i∈[[0;p−1]].
Démontrer que n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0.
Correction
On a : ∫abf(x)cos(nx)dx=i=0∑p−1∫aiai+1kicos(nx)dx=i=0∑p−1ki∫aiai+1cos(nx)dx Par passage à la limite lorsque n⟶+∞ on a : n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=n⟶+∞limi=0∑p−1ki∫aiai+1cos(nx)dx=i=0∑p−1kin⟶+∞lim∫aiai+1cos(nx)dx D'après la question précédente, on a n⟶+∞lim∫abcos(nx)dx=0. Ainsi on a : n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=i=0∑p−1ki0=i=0∑p−10=0 Finalement, si f est une fonction en escalier alors on a : n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0
Question 3
On considère une fonction numérique réelle f:[a;b]⟶R qui est continue par morceaux. Démontrer que n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0.
Correction
Comme f est une fonction continue par morceaux sur l'intervalle [a;b] cela signifie (d'après les rappels de cours) qu'il existe deux fonctions, φ et ψ, en escalier telles que, pour ε>0 : φ⩽f⩽ψetψ−φ⩽ε Choisissons de prendre pour forme d'écriture (très pratique et justifiée à la fin de cette question) du réel strictement positif ε : ε=2(b−a)ϵ(ϵ>0)⟹ψ−φ⩽2(b−a)ϵ Ainsi, de φ⩽f⩽ψ on peut écrire que φ−φ⩽f−φ⩽ψ−φ⟺0⩽f−φ⩽ψ−φ. On en déduit alors que l'on a l'encadrement suivant : 0⩽f−φ⩽2(b−a)ϵ On a alors le "jeu" d'écriture suivant qui a pour but de faire apparaître la quantité encadrée f−φ : ∫abf(x)cos(nx)dx=∫ab(φ(x)+f(x)−φ(x))cos(nx)dx Soit : ∫abf(x)cos(nx)dx=∫abφ(x)cos(nx)dx+∫ab(f(x)−φ(x)<br/>)cos(nx)dx Soit encore : ∫abf(x)cos(nx)dx=∫abφ(x)cos(nx)dx+∫ab(f−φ)(x)cos(nx)dx L'encadrement établit précédemment 0⩽f−φ⩽2(b−a)ϵ nous permet d'écrire la majoration suivante : ∫abf(x)cos(nx)dx⩽∫abφ(x)cos(nx)dx+∫ab2(b−a)ϵcos(nx)dx De plus le terme cos(nx) est lui-même majoré par 1, donc : ∫abf(x)cos(nx)dx⩽∫abφ(x)cos(nx)dx+∫ab2(b−a)ϵ1dx Soit : ∫abf(x)cos(nx)dx⩽∫abφ(x)cos(nx)dx+2(b−a)ϵ∫ab1dx Soit encore : ∫abf(x)cos(nx)dx⩽∫abφ(x)cos(nx)dx+2(b−a)ϵ(b−a) En simplifiant par le terme b−a=0, on aboutit à : ∫abf(x)cos(nx)dx⩽∫abφ(x)cos(nx)dx+2ϵ Maintenant exploitons le fait que φ soit une fonction en escalier. D'après la conclusion de la question précédente, on peut affirmer que : n⟶+∞lim∫abφ(x)cos(nx)dx=0 Ceci implique qu'il existe un certain nombre entier naturel n0 tel que : ∀n>n0,∣∣∫abφ(x)cos(nx)dx∣∣⩽2ϵ(ϵ>0) Par introduction des valeurs absolues, on peut écrire que : ∣∣∫abf(x)cos(nx)dx∣∣⩽∣∣∫abφ(x)cos(nx)dx+2ϵ∣∣ Selon l'inégalité triangulaire nous pouvons écrire que : ∣∣∫abf(x)cos(nx)dx∣∣⩽∣∣∫abφ(x)cos(nx)dx+2ϵ∣∣⩽∣∣∫abφ(x)cos(nx)dx∣∣+∣∣2ϵ∣∣ Comme ϵ>0 on a alors ∣∣2ϵ∣∣=2ϵ. D'où : ∣∣∫abf(x)cos(nx)dx∣∣⩽∣∣∫abφ(x)cos(nx)dx∣∣+2ϵ Mais nous avons montré précédemment que ∀n>n0,∣∣∫abφ(x)cos(nx)dx∣∣⩽2ϵ(ϵ>0). Ainsi on a : ∀n>n0,∣∣∫abf(x)cos(nx)dx∣∣⩽2ϵ+2ϵ Ce qui nous donne directement : ∀n>n0,∣∣∫abf(x)cos(nx)dx∣∣⩽ϵ C'est cette dernière inégalité qui justifie le choix d'avoir posé précédemment ε=2(b−a)ϵ(ϵ>0). Elle va permettre une conclusion rapide et propre. En effet, ceci nous permet d'écrire que : ∀n>n0,−ϵ⩽∫abf(x)cos(nx)dx⩽ϵ Comme ceci est vrai pourtout nombre réel strictement positif ϵ, ceci est donc toujours vrai lorsque ϵ⟶0+, du moment que la condition n>n0 soit satisfaite. Pour être sûr que la condition n>n0 soit satisfaite il nous suffit de choisir de faire tendre n⟶+∞. Ainsi, on en déduit que : n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0 Finalement, si f est une fonction numérique réelle continue par morceaux sur l'intervalle [a;b] alors on a la limite suivante : n⟶+∞lim∫abf(x)cos(nx)dx=0 C'est le lemme de Lesbesgue. ♣Remarque: Celemmepermetdedeˊmontrerladeˊcroissancevers0descoefficientsdeFourier.