Illustrons, dans un cas très simple, donc très pédagogique, les différentes approches numériques du calcul approchée d'une intégrale. On note par f la fonction suivante : f:x∈[0;1]⟼ex On pose alors : I=∫01f(x)dx
Question 1
Calculer la valeur de I par la méthode usuelle des primitives.
Correction
On sait que la fonction exponentielle est définie sur R tout entier, et qu'elle y est infiniment dérivable, et de fait elle y est continue. En outre, on sait que : ∀x∈R,(ex)′=ex Donc : I=∫01f(x)dx=[ex]01=e1−e0 Finalement : I=∫01f(x)dx=e−1u.a. De manière approchée, on a : I=∫01f(x)dx≃1,71828u.a. Graphiquement, cela nous donne :
Question 2
Calculer la valeur de I par une somme de Riemann.
Correction
On sait que : n⟶+∞lim(n1i=1∑n−1f(a+i×nb−a))=b−a1∫abf(x)dx Dans notre cas, ceci nous donne : n⟶+∞lim(n1i=1∑n−1e(0+i×n1−0))=1−01∫01f(x)dx Soit : I=n⟶+∞lim(n1i=1∑n−1eni) Et on a : i=1∑n−1eni=i=1∑n−1(en1)i=(en1)1+(en1)2+⋯+(en1)n−1 Il s'agit de la somme des n−1 premiers termes d'une suite géométrique de premier terme en1 et de raison en1. On a alors : i=1∑n−1eni=en11−en11−(en1)n−1=en11−en11−enn−1=en11−en11−e1−n1=en11−en11−e1−n1=en11−en11−ee−n1 Soit : i=1∑n−1eni=1−en1en1−een1e−n1=1−en1en1−een1−n1=1−en1en1−ee0=1−en1en1−e=en1−1e−en1 Ceci nous permet d'écrire que : n⟶+∞lim(n1i=1∑n−1eni)=n⟶+∞limn1en1−1e−en1 Posons X=n1. Si n⟶+∞ alors X⟶0. Donc : n⟶+∞lim(n1i=1∑n−1eni)=n⟶+∞limn1en1−1e−en1=X⟶0limXeX−1e−eX Or, lorsque X⟶0 on a l'équivalence suivante : eX0∼1+X Donc : X⟶0limXeX−1e−eX=X⟶0limX1+X−1e−(1+X)=X⟶0limXXe−1−X=X⟶0lim(e−1−X)=e−1 Finalement, on a bien : I=e−1u.a.
Question 3
Calculer, avec une précision meilleure que le millième, la valeur approchée de I par la méthode numérique des rectangles.
Correction
On sait que la fonction exponentielle est définie sur R tout entier, et qu'elle y est infiniment dérivable, et de fait elle y est continue. En outre, on sait que : ∀x∈R,(ex)′=ex Donc f′(x)=ex. Ce qui implique que f′ est croissante sur l'intervalle d'intégration [0;1], et de fait : x∈[0;1]sup∣f′(x)∣=e1=e De plus, on sait que : ∣∣I−Rn∣∣⩽x∈[a;b]sup∣f′(x)∣×2n(b−a)2 Donc, pour notre situation : x∈[0;1]sup∣f′(x)∣×2n(1−0)2=2ne Comme on désire la valeur approchée de I, meilleure que le millième, on a donc : 2ne<10001⟺21000e<n⟺500e<n Ce qui nous permet de choisir n=1360 car n∈N⋆. Et on a alors : h=13601−0=13601 On a alors : Rn=hk=0∑n−1f(0+kh)=13601k=0∑1360−1f(1360k)=13601k=0∑1359f(1360k)=13601k=0∑1359e(1360k)=13601k=0∑1359(e13601)k Soit : Rn=13601((e13601)0+(e13601)1+⋯+(e13601)1359) On constate la présence de la somme des 1360 premiers termes d'une suite géométrique de premier terme (e13601)0=1 et de raison e13601. On a alors : Rn=13601⎝⎛1×1−e136011−(e13601)1360⎠⎞=13601(1×1−e136011−e13601360)=13601(1×1−e136011−e1)=13601×1−e136011−e Soit : Rn=13601×e13601−1e−1u.a. De manière approchée, on a : Rn≃1,71765u.a.
Question 4
Calculer, avec une précision meilleure que le millième, la valeur approchée de I par la méthode numérique des trapèzes.
Correction
On sait que la fonction exponentielle est définie sur R tout entier, et qu'elle y est infiniment dérivable, et de fait elle y est continue. En outre, on sait que : ∀x∈R,(ex)′′=ex Donc f′′(x)=ex. Ce qui implique que f′′ est croissante sur l'intervalle d'intégration [0;1], et de fait : x∈[0;1]sup∣f′′(x)∣=e1=e De plus, on sait que : ∣∣I−Tn∣∣⩽x∈[a;b]sup∣f′′(x)∣×12n2(b−a)3 Donc, pour notre situation : x∈[0;1]sup∣f′′(x)∣×12n2(1−0)3=12n2e Comme on désire la valeur approchée de I, meilleure que le millième, on a donc : 12n2e<10001⟺121000e<n2⟺12250e<n2 Soit n2>226,52. Ce qui nous permet de choisir n=16 car n∈N⋆. Et on a alors : h=161−0=161 On a alors : Tn=161(2e0+e1+k=1∑16−1e(0+16k))=161(21+e+k=1∑15e16k)=161(21+e+k=1∑15(e161)k) Avec : k=1∑15(e161)k=(e161)1+(e161)1+⋯+(e161)15 Il s'agit de la somme des 15 premiers termes d'une suite géométrique de premier terme e161 et de raison e161. On a alors : k=1∑15(e161)k=e161×1−e1611−(e161)15=e161×1−e1611−e1615=e161×e161−1e1615−1=e161−1e161e1615−e161=e161−1e1616−e161 Donc : k=1∑15(e161)k=e161−1e1−e161=e161−1e−e161 Ainsi : Tn=161(21+e+e161−1e−e161)u.a. De manière approchée : Tn≃1,71884u.a.
Question 5
Calculer, avec une précision meilleure que le millième, la valeur approchée de I par la méthode numérique de Simpson.
Correction
On sait que la fonction exponentielle est définie sur R tout entier, et qu'elle y est infiniment dérivable, et de fait elle y est continue. En outre, on sait que : ∀x∈R,(ex)′′′′=ex Donc f′′′′(x)=ex. Ce qui implique que f′′′′ est croissante sur l'intervalle d'intégration [0;1], et de fait : x∈[0;1]sup∣f′′′′(x)∣=e1=e De plus, on sait que : ∣∣I−S2n∣∣⩽x∈[a;b]sup∣f′′′′(x)∣×180(2n)4(b−a)5 Donc, pour notre situation : x∈[0;1]sup∣f′′′′(x)∣×180(2n)4(1−0)5=180×24×n4e=180×16×n4e=2880n4e Comme on désire la valeur approchée de I, meilleure que le millième, on a donc : 2880n4e<10001⟺28801000e<n4⟺7225e<n4 Soit n4>0,94, d'où n>0,98. Ce qui nous permet de choisir n=1 car n∈N⋆. Et on a alors : h=2×11−0=21 De plus, on sait que, de manière générale, on a : S2n=3h(f(a)+f(b)+4k=0∑n−1f(a+(2k+1)h)+2k=1∑n−1f(a+(2k)h)) Dans notre cas à nous (n=1), on obtient donc : S2n=321(e0+e1+4k=0∑1−1e(0+(2k+1)21)+2k=1∑1−1e(0+(2k)21))=61(1+e+4k=0∑0e21(2k+1)+2k=1∑0ek) On constate que la dernière somme k=1∑0ek n'existe pas. De fait, on obtient : S2n=61(1+e+4k=0∑0e21(2k+1)) Puis, on constate également que : k=0∑0e21(2k+1)=e21(2×0+1)=e21(0+1)=e21=e Ainsi, on trouve que : S2n=61(1+e+4e)u.a. De manière approchée, on obtient : S2n≃1,71886u.a.
Question 6
Quelle(s) conclusion(s) pouvez-vous faire à partir de cet exemple simple ?
Correction
On constate que : - la méthode de Simpson est celle qui est la plus rapide à mettre oeuvre ; - la méthode des rectangles est celle qui est la plus intuitive mais la moins rapide à mettre oeuvre ; - La méthode par les sommes de Riemann s'avère plus technique ; - toutes ces approches sont parfaitement cohérentes entre-elles.
Il existe d'autres méthode, citons par exemple : - la méthode des tangentes ; - la méthode de Boole−Villarceau ; - la méthode de Weddle−Hardy ; - la méthode de Newton−Cotes ; - la méthode de Romberg.